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vendredi 25 novembre 2011

Tahiti, le voyage d'une vie


Le mariage traditionnel en Polynésie


     Le mariage traditionnel polynésien n'est plus aujourd'hui qu'un événement folklorique, célébré surtout pour divertir les touristes.

Navenave, le mariage polynésien vu par Paul Gauguin
      De nos jours, évangélisation et colonisation ont fait que le mariage (fa'aipoipora'a), en Polynésie française, est devenu un engagement social et juridique identique à celui de la métropole française. Le mariage religieux, lui, est celui célébré selon les rites des différentes églises présentes au fenua, essentiellement chrétiennes.

Du mythe à la réalité

      Les mœurs de nos ancêtres étaient loin d’être aussi dissolues que le prétend la légende du paradis polynésien. Ces récits laissent croire que le mariage chez les Ma’ohi n’était qu’un accord formel avec très peu de sentiments, sans conséquence sociale et religieuse, et dont l’acte sexuel était le principal aboutissement. Cela est faux.

    Si le nombre de partenaires avant le mariage n’avait aucune importance, c’est que les jeunes personnes n’étaient pas encore soumises aux règles sociales et religieuses. Le mariage, lui, était une chose très sérieuse répondant à des règles précises et codifiées : il marquait l’entrée dans l’âge des responsabilités.

Les futurs époux arrivent en pirogue
     Si les rites étaient différents, et surtout d’un coût très variable selon la caste sociale à laquelle appartenaient les futurs époux, le fondement religieux de l’engagement étaient le même pour tout le monde : il ne s’agissait pas de prendre les choses à la légère.

Les fiançailles

      Quand deux jeunes gens décidaient de s’unir, il leur fallait obtenir l’assentiment de leurs parents. Et, comme dans les sociétés occidentales, plus il y avait de biens ou de pouvoir en jeu, plus les négociations étaient compliquées.

      Il n’était pas question de se marier en dehors de son monde, au risque de perdre son rang et ses privilèges. Là comme ailleurs, plus l’enjeu était important et plus les mariages « arrangés » étaient fréquents. L’union pouvait mettre un terme à des guerres tribales, asseoir le pouvoir d’une famille sur un autre territoire, construire ou augmenter des fortunes en réunissant des terres, en associant des titres de noblesse, etc.

Ils sont accueillis par les amis et la famille
     Des négociations avaient donc lieu entre les familles des prétendants à l’union pour définir les termes et l’apport de chacune des parties dans la corbeille nuptiale. Cet accord établi, chacune des familles plantaient une branche de ti (arbre sacré servant aujourd’hui à faire des haies) devant son fare, acte symbolique rendant la promesse sacrée. Alors les préparatifs du mariage pouvaient commencer.

      Dans certaines îles, le prétendant simulait, de nuit, l’enlèvement de sa belle. Bien entendu, celle-ci était consentante et ses parents, parfaitement au courant du rapt prénuptial, faisaient en sorte de ne pas risquer d’en perturber le déroulement.

Le mariage aux temps anciens

      Au premier matin de la cérémonie, famille et amis de la future mariée se rendaient, sans elle, chez le fiancé. Si le trajet nécessitait de naviguer sur le lagon, voire en haute mer, des pirogues étaient construites spécialement pour l’évènement.

En route vers le lieu de la cérémonie
     Arrivés à destination, on procédait à la remise des cadeaux selon un rituel défini par le rang de chacun des membres de la délégation. Ensuite, la famille de la future mariée rentrait chez elle et s’affairait aux derniers préparatifs de la cérémonie prévue le lendemain.

     Il était primordial que l’union soit bénie par les dieux. C’est donc sur le marae* de la tribu, ou le marae familial (en général de la lignée du futur époux) pour les plus aisés, que se déroulait le rituel religieux.

      Revêtu de somptueux atours et parés de bijoux, de coquillages et de couronnes de fleurs, le jeune couple et la procession se présentaient devant le prêtre pour la cérémonie.

     Il fallait tout d’abord rappeler la lignée des ancêtres des deux futurs époux puis rendre grâce aux dieux les plus importants, mais aussi à ceux qui apportaient leur protection à chacune des deux familles comme à ceux à qui était dédié le marae. Ensuite seulement, le prêtre procédait à la bénédiction des époux, rendant ainsi leur union officielle, sacrée et indéfectible.

Sur la plage, les hommages aux nouveaux époux
     Ce n’est qu’après cette très longue cérémonie, au cours de laquelle étaient faites de nombreuses offrandes qui pouvaient aller jusqu’au sacrifice d’animaux, que les festivités pouvaient commencer. Festivités organisées autour d’un grand tamara (banquet) agrémenté de chants et de danses, les jeunes époux trônant aux places d’honneur.

Le mariage aujourd’hui

     Aujourd’hui, le mariage en Polynésie est d’abord un engagement civil validé par le maire de la commune. Pour les croyants - la quasi-totalité de la population -, cet engagement est béni au cours d’une cérémonie religieuse.

      Si les religions traditionnelles ne sont plus pratiquées et que l’essentiel de la mémoire des rites qui les caractérisaient a été perdu, il est possible d’organiser de telles cérémonies en Polynésie, comme par exemple au Tiki Village de Moorea, qui fut le premier à proposer cet événement aux touristes… 

      Ces cérémonies n’ont, bien sûr, qu’une valeur symbolique.

Les mariés en route vers leur nouvelle vie...
    Depuis le début de l’année 2010, une loi permet toutefois aux étrangers de se marier légalement devant le maire en Polynésie. Ce sont les Japonais qui sont les plus demandeurs de ces mariages de rêves.


*Marae :
n.c.  (PPN : MALA'E)  Plate-forme construite en pierres sèches et où se déroulait le culte ancien, associé souvent à des cérémonies à caractère social ou politique.

Remerciements : Tiki Village et tahitianwedding

Un article de Julien Gué


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